J’étais en balade, quartier tranquille, douceur de vivre, soleil timide, et – OH GOKU ! – une superbe mitsubishi Eclipse GT-P coupé sport violette ! Je me figeai, toutes les cellules de mon corps en ébullitions devant cette beauté. Je déglutis et regardai autour de moi avant de laisser lentement un sourire émerger sur mon visage. Je me passai la langue sur les lèvres en m’approchant de l’engin et en lui tournant autour dans un silence presque religieux. Je sentais presque déjà la vitesse me tordre le ventre, absorber mon excitation et la retransmettre en réflexes merveilleux tandis que le ronronnement du moteur grondait jusque dans mes os.

Ca n’était qu’imagination pour le moment mais ça n’allait pas le rester longtemps. Je laissais glisser ma main sur le capot tout en faisant sortir légèrement ma baguette secondaire de ma manche. Un « alohomora » plus tard, j’étais installée sur le fauteuil conducteur. Je savourai la sensation du cuir sous mes genoux dénudés et sur mes paumes. Je touchai délicatement le levier de vitesse avec un soupir d’extase puis je refermai la portière et me glissai sous le volant dans une position inconfortable. Avec un peu de magie et beaucoup de savoir-faire, le moteur s’alluma. J’en tremblai de bonheur. Ça faisait longtemps que je n’avais pas fais ça. J’admettais volontiers que c’était l’un des trucs qui me manquaient le plus au monde. J’appuyai légèrement sur la pédale d’accélérateur et la voiture poussa un rugissement tonitruant. Je gémis, passai la première et bondit hors de la place de parking dans un crissement de roues. La voiture glissait dans les rues, réagissant au moindre léger mouvement du volant, je fis un tour du quartier avant dd filer vers le pâté de maisons suivant, esquivant les autres usagers avec souplesse, poussant des cris de joie aux dérapages contrôlés que je faisais pour tourner. Le bonheur à l’état pur. Quand soudain, je vis se profiler un problème… J’étais lancée trop vite, je n’avais pas de possibilités de tourner avec sécurité et une fichue classe de gamins traversait au bout de la rue.

Je fis jaillir ma baguette d’un mouvement de poignet, je lançai un sort de coussinage sur mon corps et un sort de protection et tournai le volant d’un mouvement brutal en pleurant intérieurement la destruction de cette merveilleuse voiture. Je vis au ralenti se rapprocher le trottoir puis l’arbre que j’avais visé. Le capot s’enfonça devant moi comme pour ne narguer avant que le mouvement ne cesse brusquement, me coupant le souffle et me sonnant suffisamment pour que je perde connaissance.

   
   

Je repris conscience étalée sur le bitume, la tête comme un ballon et heureuse d’avoir eu le temps de lancer les bons sorts. Mon regard un peu trouble se fixa sur la carcasse fumante de la voiture, triste image. Je me dis que j’aurais pu plus mal m’en sortir, j’avais déjà vu des accidents plus catastrophiques que ça humainement parlant… et moins impressionnants. Je me redressai lentement en me tenant la tête. Une légère plaie à l’arcade – une de plus – mais rien de grave semblerait-il ? Ouf ! Je l’avais échappé belle. Je clignai des yeux plusieurs fois afin que ma vue cesse d’être trouble. Ce que c’était chiant, fichu corps qui suivait pas mon esprit. J’étais de retour aux commandes de mon cerveau mais tout ne fonctionnait pas parfaitement. La plaie ! Je remarquai alors le gars qui se tenait à côté de moi, me fixant comme si j’allais exploser. Je haussai un sourcil – le mauvais, ce qui fut douloureux - et regardai brièvement autour de moi, rassurée de ne pas voir les sirènes de police moldue… ou sorcière débarquer. J’aurais eu du mal à expliquer. Quelque part j’étais aussi rassurée de pas voir mon frère débarqué. Parce que j’aurais aussi eu du mal à expliquer pourquoi je venais de me planter. Quelle yakuza qui tient à sa réputation avoue avoir eu volontairement un accident potentiellement mortel pour sauver des fichus gosses en sortie scolaire ?

« Euh… Salut ? » lançai-je enfin d’une voix plus pâteuse que ce que j’avais prévu à l’autre qui était toujours là. « Merci d’m’avoir sortie de la bagnole, c’était pas gagné. » Je respirai quelques secondes en me concentrant afin de voir si j’étais capable de me lever totalement. Mouai, les jambes qui tremblaient, ça cassait un mythe, c’était préférable de rester au sol le temps que mon traître de corps se remette du choc.

Là-dessus, mon cerveau m’envoya un signal d’alerte. Ma baguette était posée à côté de moi sur le goudron, innocente et immaculée. Elle avait survécu par miracle au crash, j’avais entendu des récits de baguettes cassées pour moins que ça. Au pire ça n’aurait pas été grave, c’était juste ma baguette illégale. Il était pas trop dur d’en trouver une autre. Même si ça m’aurait fais chier d’aller voir mon frère pour ça parce que j’aurais dû lui expliquer comment c’était arrivé et… ouai, mauvaise idée, j’aurais dû me débrouiller pour… ouai mais il aurait vu que c’était pas la même. RAAAAH ! Je hais mon frère et son sens de l’observation trop développé !

Je lançai un regard légèrement inquiet et sur mes gardes au mec mais il semblait pas surpris de voir un bout de bois à côté de moi. Je dirais même qu’il avait quand même pris la peine de le prendre et de le poser à côté de moi. Ce qui était bizarre venant d’un moldu, soyons sérieux. A moins qu’il connaisse le monde de la magie et dans ce cas j’étais grillée. Je me frottai l’arrière du crâne, ce qui fut légèrement douloureux et regardai plus attentivement la bagnole. La ceinture avait pas été coupée avec un couteau, sûr. C’était sûrement un sorcier du coup. Combien j’avais de chance de croiser un magicien dans les parages sérieux ? Je le regardai en pinçant légèrement les lèvres avant de lui offrir mon plus beau sourire de racaille.

« Merci, vraiment ! Et chouette idée d’avoir ramassé ma baguette ! J’ai lancé un sort de coussinage exprès avant de me crasher, c’était juste juste ! » Allez June ! Je tentais le tout pour le tout en reposant la main sur la baguette, prête à envoyer un oubliette bien senti si je percevais la moindre hésitation venant de l’autre. Quelques passants curieux nous dévisageaient, mais j’avais caché ma baguette dans le creux de mon corps une fois ramassée. Pas assez de monde pour m’inquiéter immédiatement. Même s’ils allaient sûrement finir par appeler les flics.

« Un verre pour remercier mon sauveur ? » Je proposai ensuite avec un regard enjoué.


   
   

L’autre en face a clairement pigé ce que j’hésitais à faire, et il me mit en garde le mignon. Je lui fis un clin d’œil et rengainai la baguette dans mon holster de manche.

« Tinquiète, c’était dans le doute que tu piges pas de quoi je parlais, que je doive t’oublietter tout ça… Si t’avais été moldu tout ça. Loin de moi l’idée de lancer un sort à mon bon samaritain ! » Je finis par dire avec une légère pointe d’ironie.

Je me redressais tandis qu’il me demandait mon nom. Je tenais à peu près sur mes jambes, je commençais à retrouver du poil de la bête et tout allait bien dans le meilleur des mondes. En l’écoutant, je réalisai qu’effectivement je saignais toujours sur la tempe. La baguette brusquement de nouveau en main après un regard autour de moi je la pointai sur mon visage en fermant les yeux.

« Episkey. »

Ma peau me picota un peu puis plus rien, j’essuyai le sang avec ma manche – heureusement que je portais du noir – et lui lançai un clin d’œil. Je me tournai ensuite vers la voiture, la baguette de nouveau rangée et mis mes poings sur mes hanches.

« BAH ! Elle est mort, inutile de faire quoi que ce soit. » Je haussai les épaules en soupirant, désolée de voir une si belle et merveilleuse chose dans un tel état. J’avais fait genre de rien mais j’avais parfaitement entendu le sous-entendu qu’il avait prononcé tout à l’heure et je restai sur mes gardes. Est-ce que j’avais affaire à un apprenti justicier de mes deux ? Est-ce que c’était judicieux du coup de lui donner mon nom complet ? Non, autant être méfiante, s’il connaissait le milieu il pigerait direct mon patronyme. Autant pas le crier sur les toits tant que j’étais pas sûre de lui. « La fourrière ou les flics viendront la récup non ? Comme tu l’as si bien dit, elle n’est pas à moi. »

Je m’approchai cependant de la caisse d’un pas légèrement hésitant et posai ma main sur le capot défoncé.

« Merci pour la course, ça a été court, mais c’était kiffant. » La prochaine fois je volerais le balai de course de quelqu’un du clan. C’était décidé. La voltige, ça faisait trop longtemps.

Je me retournai vers le blond et sortis mon portable, je tapai un numéro que je n’avais jamais au grand jamais tapé de ma vie et parla sans attendre la réponse du correspondant :

« Bonjour, voiture accidentée et sûrement volée au coin de la rue entre XX et YY. Bonne journée à vous et bon boulot ! » Lançai-je avant de raccrocher. Je revins vers le mec et tendis la main avec un sourire.

« Au fait, moi c’est June. On va le prendre ce verre ? C’est ma tournée ! »


   
   

Chiaki, joli nom. Rien de spécial en soit mais bien le son qu’il a que la langue, un peu doux et froufroutant et bim ! le K qui casse la musique. J’aime bien ce genre de nom. C’est toujours mieux que Junyeon sérieux. Ils avaient fumé quoi mes parents quand ils m’ont nommé ? Je lui servis un joli sourire tandis que je percevais au loin les lumières des sirènes, j’empoignai donc fermement le bras de mon petit sauveur Chiaki et je le menai vers un petit bar de ma connaissance, à trois pâtés de maisons d’ici. Loin du tapage, l’endroit parfait pour le remercier. En plus ils servaient un saké super bon.

« Et sinon, mon petit sauveur, parle-moi de toi, tu fais quoi dans la vie ? T’imagines le bol que j’ai eu de tomber sur toi ? Un sorcier ? Pour le coup, je me serais sentie con si un moldu avait dû me sortir de là et qu’il avait oublié ma baguette dans la bagnole. Imagine s’il avait appelé les urgences pour rien ? Je hais les hosto ! Pas toi ? » lançai-je tandis que nous passions le coin de la rue tranquillement et que j’entendais les voitures de police se garer bruyamment derrière nous.

Je sortis discrètement ma baguette de ma manche à l’opposé de Chiaki et lançai un sort derrière moi, pour effacer toute trace de doigt ou cheveux que j’avais pu laisser sur la scène de l’accident. Même une infime goutte de sang peut les faire remonter à moi. Je me méfiais mais je ne voulais pas faire ça alors que le samaritain observait le moindre de mes gestes. Il était gentil mais il avait quand même un truc qui me laissait méfiante. Bah ! Après j’étais pas la pire des yakuzas du coin, il aurait pu tomber plus mal. J’en connais pas mal qui auraient pas laissés de témoins, c’est sûr.

« Il est tard ou pas ? J’ai perdu la notion du temps, tu crois que c’est trop tôt pour se faire payer un vrai saké ? Tu vas vouloir rester sur une bière ou pas ? Je connais un bar sympa dans les parages. » demandai-je sans lui laisser le temps d’en placer une.

Le sort était lancé, al baguette rangée, tout était nickel. S’il avait remarqué mon manège, tant pis, visiblement il avait pigé que j’étais pas totalement du bon côté de la barrière, ce qui me gênait un peu… Et en même ça avait pas eu l’air de le rendre si mécontent que ça, ou alors il s’en foutait. Et moi, ce genre de comportement, ça m’allait parfaitement. Je continuai donc de marcher d’un bon pas, l’air détendue et sûre de moi, le bras de Chiaki coincé sous le mien comme si on était potes depuis toujours. Une femme comme moi attirait toujours moins l’attention accompagnée d’un homme, ça faisait belle lurette que je l’avais remarqué. Même si en vérité, je trouvais toujours aussi bizarre. Les gens étaient bizarres !


   
   

Je le regardai, surprise, il était plus jeune que je pensais s’il était étudiant. Je le détaillais plus que je ne l’avais fait jusqu’alors et je ne pus m’empêcher de sourire. On aurait dit un chaton plongé dans une piscine. Je le relâchai tranquillement tout en continuant d’avancer.

« Oh ! Tu étudies quoi ? Moi je donne des cours gratos de self-défense à des femmes sans abris, tu vois ? Pour leur apprendre à castrer les connards qui croient qu’ils peuvent les violer sous prétextes qu’ils ont une bite et elles des seins. Et j’illustre des bouquins pour enfants. C’est un chouette boulot ! »

Je fis comme si je n’avais pas entendu la remarque à propos de la bagnole. Il avait pas tort, mais c’était pas une raison de le lui dire. Je plissai les yeux et réussi à entrevoir au loin mon but.

« Donc c’est pas trop tôt pour un bon saké chaud ma fois ! »

Arrivée au pas de la porte du bar, je l’ouvris en grand et lui enjoignis d’entrer avec un mouvement de la tête.

« HEY ! Salut Miuka ! Tu nous sers une carafe de saké chaud ! » lançai-je à la cantonade avant d’aller poser mes fesses sur une banquette contre le mur du fond par habitude. C’était ma table préférée, avec le meilleur point de vue sur tout le bar. Même si niveau fuite c’était pas la meilleure place. D’un autre côté, j’avais aucune raison d’envisager une fuite prochaine donc autant se détendre, péter un coup et taper la discute avec Chiaki.

« T’es un bébé en fait ? T’as quoi ? 23 ans ? » J’hésitai et écarquillai les yeux exagérément. « Rassure-moi, t’as l’âge de boire ? Que je file pas un saké à un gamin tout juste sorti de la grande école ?! »

Je me laissais aller sur la banquette et croisais les jambes, innocente, l’air détendue et lui fit un sourire.

« Vas-y accouche, pourquoi tu m’as pas balancé aux flics ? C’est quoi ton grand but dans la vie pour qu’une petite voleuse de bagnoles te dérange pas plus que ça ? » demandai-je en baissant légèrement la voix pour pas que tout le bar entende mes paroles.



   
   

Oh ! Un petit détective, un petit curieux donc, peut-être même avait-il déjà été farfouillé dans des coins dangereux. Ça m’inquiétait mais je le connaissais depuis cinq minutes, je n’allais pas aller lui balancer que c’était peut-être une mauvaise idée. Je souris quand je réalisai que je l’avais vexé.

« Désolé mon chou, c’est plus fort que moi, je voulais juste plaisanter ! » déclarai-je dans un léger rire.

Je haussai un sourcil amusé lorsqu’il me détailla les raisons pour lesquelles il m’avait laissé tranquille vis-à-vis du vol de voiture. C’était… intéressant. Et très révélateur. Surtout avec la question par laquelle il enchaina. Sans perdre mon grand sourire, je plissai légèrement les yeux et éclatai de rire. C’est à ce moment-là que Miuka déposa devant nous un pichet de saké chaud et deux coupelles. Je la remerciai et nous servait avant de lever la main pour trinquer.

« Kampai mon cher ! » lançai-je avant de l’avaler cul sec, je reposai ensuite la coupelle et me renfonçai dans la banquette en me détendant.

« Donc ça ne t’intéresse pas mais tu es quand même là et tu poses quand même la question ! Avoue que j’ai des raisons de trouver ça amusant ! » Je lui fis un clin d’œil et me servis de nouveau. Cette fois-ci, je savourai en sirotant tranquillement mon saké.

« Je ne vole pas souvent de voiture, là franchement elle m’a juste percuté les yeux et l’esprit et j’ai pas su me contrôler : il fallait que je la conduise, que je prenne mon pied et que j’ai mon shoot d’adrénaline. » avouai-je avec une honnêteté totale. Mon sourire était toujours là, après tout je passai un bon moment avec ce jeune très dégourdi et curieux. « T’es malin, mais si tu l’étais encore plus, tu m’aurais pas dit que tu voulais être détective pour ensuite me poser des questions l’air de rien, tu crois pas ? » fis-je remarquer en lui tirant légèrement la langue, malicieuse.

« Franchement, t’es quelqu’un de bien. » Ajoutai-je plus sérieusement. « Aider une voleuse de bagnole, la sortir de là sans rien demander en retour ou quoi. T’es une perle rare, dommage qu’il n’y ait pas plus de gens comme toi dans le monde. On y perd. » soupirai-je d’un ton un peu résigné avant de siroter encore mon alcool du bout des lèvres. J’adorai la douce sensation d’engourdissement de mes lippes lorsqu’elles touchaient le saké. C’était un truc les plus chouettes du monde.

   
   

OUuuuuhh !!! Ce qu’il était froid, et il jouait son gros dur, n’empêche que j’avais vu qu’il avait pas trop aimé le saké. Dis donc, mon gars, on veut jouer au dur et on sait pas boire correctement ? Tccchhh. Il était trop mignon celui-là. Je lui lançai un petit sourire amusé, j’espérais que ça le vexerait pas. Je fais pas exprès d’être une sale chieuse, c’est ma nature profonde. C’était au moins la deuxième fois qu’il m’assenait qu’il avait des affaires plus importantes et pourtant il était toujours là. Mouahah. Ca marche pas avec moi mon petit, je sais à quoi tu joues… Ou pas, mais on s’en fout.

Je haussai les sourcils, oui, j’étais SON cas à part. Mouahah, et c’était vachement bien.

« Donc, qu’est-ce que tu veux savoir ? Pour aller me dénoncer ? Je suis une exception mais elle a ses limites non ? » Je souris en croisant les doigts sous mon menton. Je posais mes coudes sur la table et lui fis un clin d’œil.

« Je te répondrais dans la mesure du possible, j’adorerais faire connaissance avec toi. Tu me fais penser à mon grand-frère, sauf que tu es plus jeune. C’est assez amusant. J’espère pour toi que tu auras plus de chance que lui dans al vie ceci dit… » Ah, pauvre Seigen trop sérieux et éternel célibataire !

Miuka me lance un regard acéré de l’autre côté du bar. Relax, je levai les yeux au ciel. J’allais pas lui balancer que j’étais le bras droit occasionnel de mon frérot dans le clan non plus. Miuka faisait partie de notre réseau de contrebande d’alcool. Et elle était douée. Et accessoirement, elle avait une dette de vie envers moi. Raison pour laquelle je buvais à l’œil à chaque fois que je venais ici. Bon ça m’arrangeait et en même temps, combien de fois lui avais-je dit qu’elle était payée ? Quelle tête de mule à rien vouloir entendre. Je soupirai et me retins d’éclater de rire devant l’ai sérieux du jeune homme en face de moi.




   
   

Je redescendis brutalement sur terre, sans blague, quel rabat-joie ce gars ! Dire que je le pensais plus sympa que ça.

« Wow, t’es pas un joyeux toi ! T’aimes pas rencontrer des gens ? Ceux que le destin a mis sur ton chemin par hasard ? Le plaisir de la découverte de nouvelles personnes, tout ça ? » Je fis la moue en sirotant mon saké qui commençait à refroidir.

Je soupirai et m’adossai pour être plus à l’aise à la banquette.

« C’est triste de plus être capable de s’émerveiller des coïncidences de la vie. Là, j’en vois deux : t’es un sorcier, et t’es un gars qui a l’air de vouloir faire la justice mais qu’à assez de gentillesse pour passer outre les infractions d’une personne. J’trouve ça chouette. Tu vois, j’aurais pu plus mal tomber. Je m’en serais sortie, mais franchement, je me dis que je peux au moins en profiter pour faire connaissance. Parce que c’est aussi ça, la vie. » repris-je avec un ton plus sérieux en croisant les bras de manière à le pas faire tomber une goutte de saké sur mes fringues.

« Et pour répondre à ta deuxième question : si j’aurais bien des choses à faire, mais rien d’urgent, rien, d’horrible et… » Je relevai la tête en voyant entrer dans le bar deux hommes discrets. Je clignai des yeux. C’était moi où ces gars puaient le mafieux à des kilomètres ? Même pas besoin de vérifier, ils venaient pas de chez nous. Je lançai un regard à Miuka qui hocha lentement la tête à mon intention. Ils s’installèrent à l’autre bout du bar de manière à avoir une vue totale sur la pièce principale. Mouai, ça puait ça.

« … ça me fait plaisir de prendre les opportunités de la vie à pleines mains sans me stresser pour ce que je peux appréhender autrement. » Je tournai légèrement la tête pour garder les gars dans mon champ de vision et je détendis mon corps de manière à ce qu’ils ne pigent pas que je les observais. Ils avaient l’air de s’intérésser à notre coin. Mais nous n’étions pas les seuls clients du bar. C’était soit ma parano, soit mon instinct qui parlait là. J’arrivais pas à me décider.