Je suis né à Birmingham le 24 Juillet 1989, à 20h22 très précisément. Enfant chéri d'une famille ayant fait fortune il y a de ça trois générations dans le domaine de la joaillerie. Fils d'une mère nombriliste et vénale et d'un père homme d'affaire peu présent. Oh je n'ai pas à me plaindre, dans la vie, j'ai toujours eu ce que je voulais...genre absolument tout ! J'ai étudié dans de prestigieuses écoles et ce, dès le jardin d'enfant, j'ai fréquenté les plus belles filles d'Angleterre et j'ai bouclé mon tour du monde l'année de mes 18 ans. Oui, j'ai eu la belle vie. Une cuillère en argent dans la bouche et une liasse de billet dans la main droite. Forcément, quand on grandit avec l'idée que tout nous est dû, on fini par y croire. J'étais donc un indécrotable petit con, emmerdeur et prétentieux. Le genre de mec sûr de lui, persuadé d'avoir toujours réponse à tout et de connaître tout les mystères de l'univers. J'ai fait la fête autant qu'on peu la faire et dans tout les sens du terme : musique, festivals, drogues, alcool, filles...et même garçons parfois ! J'aimai me pavaner dans un monde où je brillais mais dans lequel je me sentais terriblement seul. Pas de véritables amis, seulement des profiteurs, pas de parents présents...mon excentricité peinait parfois à cacher la solitude de ma situation.
Pourtant ma vie a basculé du jour au lendemain sans prévenir. Je suis mort. Pendant 1 minute et 22 secondes précisément. Crise cardiaque. Bam ! Comme ça ! Dire que ça été le moment le plus douloureux de mon existence était un sacré euphémisme car me voilà, moi jeune homme conquérant, en train de mourir à l'âge de 21 ans ! Le truc formidable avec la crise cardiaque c'est qu'on se sent réellement partir, le coeur écrasé par un compresseur, le sang bouillonnant dans les oreilles...je vous jure, une expérience toute relative ! Si je crois au destin ? Bien sur. Je crois que je me souviendrais toujours de cet adolescent, oiseau de mauvaise augure ou ange tombé du ciel, que j'avais rencontré dans un bar, totalement saoul qui m'avait "prédit" ma mort prochaine d'un air désespéré. Si je l'avais cru ? Bien sur que non ! J'ai juste pensé que c'était un pauvre mec et j'avais continué ma route. Mais...malgré tout, l'idée, aussi sournoise soit elle, c'était insinué dans ma tête et je n'avais pensé qu'à ça la journée suivante. Je n'avais pas été voir de médecin parce qu'on m'aurait pris pour un fou pour sûr mais j'avais surveillé le moindre danger tout la journée. Le destin avait voulu qu'au moment de ma crise cardiaque je passe juste devant un cabinet médical du coin...au hasard. Et lorsque j'étais en train de suffoquer et de mourir je n'avais gardé en tête que le visage de ce garçon.
J'étais mort pendant 1 minute et 22 secondes et puis...j'étais revenu. A partir de ce moment là, ma vie a réellement changé. D'une part car on a découvert que mon coeur était en très mauvaise santé et d'autre part parce que quelque part...on m'avait offert une seconde chance et que je ne devais pas la rater. Par la suite j'ai passé énormément de temps à l'hôpital, chez moi en Angleterre et j'ai dû subir une transplantation cardiaque l'année de mes 23 ans. Nouveau coeur, nouvelle vie. Je me sentais plus calme, plus serein, plus lucide. L'ancien moi était mort et enterré et je n'avais qu'une idée en tête : retrouver ce paumé d'ange du destin qui avait croisé ma route. Je suis donc retourné plusieurs fois en Thaïlande -lieu du "crime"- par la suite afin de le retrouver...sans succès. Ma vie repris donc son cours mais je ne supportai plus la cage dorée dans laquelle j'avais grandi. Je me rangeais donc, reprenant des études de marketing, sortant brillamment diplômé de l'université. A 25 ans, je fis le choix de couper avec mon ancien mode de vie et décidai de m'assumer entièrement seul, partant m'installer au Japon, un pays que j'avais toujours affectionné.
Le destin frappa plusieurs fois à ma porte depuis lors. J'eus la chance de recroiser mon "ange déchu" trois fois  depuis mon arrivé sur le sol nippon : sur le quai du métro opposé au mien, dans le bus que j'aurai dû attraper et volant le taxi que je voulais prendre. Le croiser et le rater, je n'avais fait que ça sans jamais pouvoir vraiment le rencontrer...cruel destin ! Cinq ans plus tard, installé derrière mon bar à servir les autres, j'attends encore ce moment où je pourrais enfin vraiment le rencontrer !